Ma Ying-jeou, le président de la République, a remis ce matin à Sima Samar, la présidente de la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, le Prix 2008 de la démocratie et des droits de l’homme en Asie, pour son action en faveur des femmes afghanes.
Née en 1957, Sima Samar est, en 1982, la première femme hazara, une minorité ethnique alors persécutée en Afghanistan, à obtenir un diplôme de médecin dans un pays alors sous occupation russe. Deux ans plus tard, elle fuit sa famille, qui veut arranger son remariage après la disparition de son premier époux, pour le Pakistan, où elle travaille auprès des réfugiés afghans. Ceux-ci manquent de tout, les femmes en particulier, qui ne peuvent être examinées par des hommes médecins et n’ont pas accès à l’éducation.
Ce n’est qu’en 2001, après que les talibans sont chassés du pouvoir, qu’elle rentre à Kaboul, où elle prend part au gouvernement de transition d’Hamid Karzai, qu’elle doit bientôt quitter sous la pression de mouvements conservateurs musulmans.
En juillet 2002, elle prend la tête de la Commission indépendante des droits de l’homme en Afghanistan, poste auquel elle supervise à l’échelle nationale des projets d’éducation aux droits des femmes, dénonçant les abus dont celles-ci sont les victimes. Elle et sa famille sont constamment l’objet de menaces.
« Ce n’est pas une vie facile mais tout être humain doit mourir un jour, alors autant mourir pour quelque chose de positif », a-t-elle l’habitude de dire.
En 2005, Sima Samar devient en outre, à la demande de l’Organisation des nations unies, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Soudan.
C’est l’ensemble de cette action en faveur des droits humains que la Fondation de Taiwan pour la démocratie, créée en 2003, a choisi de mettre à l’honneur pour son prix 2008, attribué par un jury international et doté de 100 000 dollars américains. Cette récompense a été décernée en 2006 à l’association française Reporters sans frontières et, en 2007, à Cynthia Maung, la fondatrice de la clinique Mae Tao pour les réfugiés birmans en Thaïlande.